
Les formations au numérique en zone rurale
Les zones rurales font face à un véritable enjeu d'attractivité et de développement des compétences. Le numérique représente une vraie opportunité pour tous les acteurs du territoire dans ces zones où le taux de chômage est élevé (27% de la population active dans les zones rurales isolées en 2018). Afin de répondre à ces besoins et dans le cadre de l'appel à labellisation déployé par la GEN, les résidents des zones de revitalisation rurales font désormais partie des publics auxquels sont destinées des actions de sourcing. L'objectif est de parvenir à 30% d'apprenants résidant dans un QPV (quartier prioritaire de la politique de la ville) ou une ZRR (zone de revitalisation rurale).
Les ZRR sont des zones regroupant des territoires ruraux qui présentent des difficultés économiques et sociales, notamment une faible densité démographique, un déclin de la population totale (ou active) ou une forte proportion d'emplois agricoles. (*Définition de Data Gouv)
13 902 communes sont aujourd’hui classées en ZRR. La liste est disponible sur une carte interactive de l’Observatoire des Territoires.
Vous voulez savoir si la commune de votre formation est située en ZRR ? Entrez directement le nom de votre commune dans l’outil de consultation
L’ANCT (Agence Nationale de la Cohésion des Territoires) explique que les zones de revitalisation rurale visent à aider le développement des territoires ruraux principalement à travers des mesures fiscales et sociales. Des mesures spécifiques en faveur du développement économique s'y appliquent, l'objectif étant de concentrer les mesures d'aide de l'Etat au bénéfice des entreprises créatrices d'emplois dans les zones rurales les moins peuplées et les plus touchées par le déclin démographique et économique.
Pour le dossier de cet Eugène spécial labellisation, la GEN a donc enquêté sur les enjeux, les spécificités et les besoins en compétences dans les zones rurales afin de vous livrer des conseils pour déployer votre formation dans ces territoires.
Sommaire :
- Les enjeux de la formation aux métiers du numérique en zone rurale
- Quels besoins en compétences dans ces territoires ?
- Comment déployer sa formation en ZRR ?
Quels enjeux pour la formation numérique en zone rurale ?
Le numérique comme soutien aux territoires
Pour désenclaver les territoires
Le numérique désenclave les territoires, soutient l’arrivée de nouveaux habitants et accompagne la création de nouvelles activités économiques. Ainsi, comme le soutient le rapport du Réseau Rural Français intitulé « L'impact des usages du numérique sur le développement rural » publié en 2018, « Le numérique offre aussi la possibilité de réintroduire de l’activité de production sur les territoires. De nouvelles formes d’industries émergent (fablab, micro-usine, industrie 4.0) qui s’appuient et participent à la transition numérique des territoires. »
En établissant des conditions favorables à l’émergence de projets, le numérique permet de rassembler dans des tiers lieux et des espaces dédiés au numérique des entrepreneurs, des développeurs, des télétravailleurs, et les collectivités locales ont tout à y gagner.
Par exemple, le département de la Lozère, situé en totalité en Zone de revitalisation rurale, investit depuis une quinzaine d’années dans le numérique pour développer son attractivité et inciter les entreprises et de nouvelles populations à s’installer, comme le montre un reportage réalisé par France Bleu.
Pour s’inspirer
Suite à son rapport, le Réseau Rural Français a publié un recueil qui présente des exemples concrets de stratégies et d’approches territoriales portant sur le numérique dans les domaines variés (agriculture, tourisme, santé, formation, tiers-lieux) destiné aux acteurs et aux territoires qui souhaitent répondre à des besoins locaux par des outils et/ou des usages numériques.
Pour faire face à la crise
En mars 2021, l'Institut Montaigne publie le rapport « Rééquilibrer le développement de nos territoires », qui révèle que plus des deux tiers des étudiants sont concentrés dans 22 grandes villes et métropoles, alors que celles-ci ne regroupent que 29 % de la population française. L’Institut Montaigne note que cette concentration a de fortes conséquences sociales et économiques pour les territoires épars (dans le rapport, ce terme désigne les territoires situés en-dehors des grandes métropoles, notamment les villes moyennes et la France rurale), notamment en termes d’équité d’accès à la formation à l’échelle nationale.
L’Institut Montaigne incite également à soutenir le développement d’une offre de formation universitaire et professionnelle d’excellence dans les territoires pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire, car « les investissements dans le capital humain définiront pour partie la capacité de nos territoires à rebondir après la crise et à soutenir les secteurs d’activité qui constitueront les relais de croissance ». Ce renforcement de l’offre locale d’enseignement spécialisé constituera à la fois une « source de débouchés pour les jeunes diplômés et d’attractivité du territoire » et « aurait un effet d'entraînement sur l’écosystème local ».
Le numérique comme levier d’innovation
Le déploiement de formations au numérique en zone rurale peut aussi être un véritable levier d’innovation pour les entreprises et les collectivités locales. C’est dans cette logique qu’a été créée fin 2018 l’école ENSSOP (Écosystème Numérique pour le sud Sarthe Ouvert et Populaire). Cette école fondée par trois entreprises locales d’informatique (PMB Services, Microtec et AP&SI) propose une formation qualifiante de 12 mois aux technologies du web avec le titre professionnel Développeur web / Web mobile. Cette formation destinée aux demandeurs d’emploi et labellisée GEN est située à La Chartre-sur-le-Loir, une commune d’environ 1500 habitants située dans la Sarthe et classée en Zone de Revitalisation Rurale (ZRR).
L’idée de cette école était « d’initier un effet d’avalanche pour que notre territoire devienne une référence du secteur » pour reprendre les termes utilisés par Florent Tétart, co-fondateur de l’école. Il nous explique le cheminement à l’origine de la création de l’école, destinée à créer un écosystème favorable au développement des activités dans le secteur du numérique :
« L’école est un consortium de trois entreprises locales d’informatique implantées sur un territoire rural où le taux de chômage était relativement élevé. Nous avions énormément de mal à recruter des professionnels du numérique. L’idée est venue tout naturellement de créer une école pour former des personnes du territoire à ces métiers. »
L’école est donc née de la collaboration de tout un territoire avec l’implication des trois entreprises fondatrices, mais aussi de la Communauté de Communes Loir Lucé Bercé, du Lycée Professionnel Nazareth et de Pôle Emploi. L’objectif est ainsi de former des personnes sur des compétences numériques recherchées par les entreprises.
« L’école a aussi été conçue comme un levier d’innovation pour les entreprises ou les collectivités locales en leur proposant de faire réaliser par les élèves des projets concrets qui leur permettraient d’être plus compétitives. Nous avons monté l’école avec les objectifs suivants : répondre aux besoins des entreprises du secteur et réinsérer des demandeurs d’emploi dans un secteur qui offre de nombreux débouchés. »
Outre ces bénéfices pour les entreprises et les demandeurs d’emploi, le déploiement de l’école a de l’influence sur tout le territoire puisqu’il permet de créer un levier d’innovation pour tous les acteurs, de sensibiliser le territoire à ces technologies pour devenir un pôle numérique accueillant et de créer un outil qui développe des nouvelles activités économiques autour du numérique.
Deux ans après sa création, l’école a permis de former près de 30 personnes. Une troisième session est déjà prévue à l’automne 2021. La crise sanitaire a bouleversé le calendrier de la session 2020, mais le lien avec le monde professionnel a pu être maintenu car les formateurs sont des professionnels du numérique et les apprenants travaillent sur des projets concrets d'entreprises.
« Cela nous a conforté dans notre choix de proposer une formation pleinement implantée dans le monde professionnel » explique Aurore Morin, directrice de l’ENSSOP.
L’école travaille d’ailleurs au développement d’une plateforme numérique qui, en parallèle de la formation de développeur mobile, permet aux entreprises et aux établissements de se former au numérique.
« Il en est ressorti des choses positives : il n’y a jamais eu une telle accélération du numérique qu’en ce moment, il faut la structurer et accompagner les individus. C'est le rôle des centres de formation et c’est pour cela que nous proposons de travailler avec ces derniers à la transition numérique grâce à notre plateforme et à nos formations péda-numérique. »
Les personnes formées ont pu retrouver du travail et une ancienne apprenante a même créé son entreprise : « Cette création d’entreprise rejoint pleinement l’une des ambitions de l’école qui est de favoriser le développement local » conclue Aurore Morin.
Quels besoins en compétences dans les zones de revitalisation rurales ?
Les TPE/PME en mal de talents numériques
Dans le rapport publié par Terra Nova et Google France en 2017 « Que peut le numérique pour les territoires isolés ? », les experts considéraient déjà la transition numérique comme une nouvelle chance pour les TPE/PME implantées dans les territoires isolés pour désenclaver ces territoires. Le rapport relevait notamment un manque de compétences techniques nécessaires.
« Les freins à cette visibilité en ligne résident principalement dans le manque de connaissance et l’appréhension du commerçant face aux outils numériques. Ces réticences expliquent en partie le retard des entreprises françaises en matière de numérisation et notamment le retard des TPE hexagonales dans ce domaine. »
Les TPE/PME ont besoin d’aide pour leurs premiers pas dans la transition numérique : communication digitale, SEO, CRM, digital business developer etc.
« Le recours à une page Internet, le référencement dans les moteurs de recherche et la présence sur les réseaux sociaux sont souvent les portes d’entrée les plus communes de l’entrepreneur qui s’intéresse au numérique. (…) Les outils d’acquisition ou de fidélisation de la clientèle sont ainsi rarement connus. Leur mise en place permet pourtant une automatisation très efficace des différentes actions (relance de la clientèle, marketing direct. »
Pour s’inspirer
NewsTank et le CNAM ont organisé une web conférence sur les enjeux de la formation au cœur des territoires en mars 2021 afin de donner les clés organisationnelles pour bâtir une offre de formation en adéquation avec votre territoire en se basant sur le programme Au cœur des territoires du CNAM qui vise à assurer l’égalité pour tous les citoyens en matière de formation, d’évolution professionnelle et de reconversion. Depuis septembre 2019, deux appels à manifestation ont eu un lieu, et un troisième est programmé pour juin prochain.
L’objectif est d’ouvrir une centaine d’antennes CNAM dans les villes médianes d’ici 2022 pour répondre à deux enjeux phares : l’attractivité des territoires et les besoins en compétences des entreprises.
La formation apparaît donc comme la solution aux problématiques de recrutement des entreprises, mais aussi pour l’attractivité du territoire, car pour que les entreprises s’implantent dans un territoire, il faut que les compétences dont elles ont besoin y soient présentes.
Des besoins dans le domaine de la fibre
Pour le Réseau Rural français, il y a un véritable enjeu autour de la formation au numérique et sur des métiers insuffisamment couverts, car « les entreprises peinent à trouver du personnel qualifié dans le domaine de la fibre par exemple ».
En matière de besoins en formation, l’observatoire sur les besoins et compétences numériques dans les régions françaises publié par la GEN en début d’année met en avant les spécificités de chaque région. Dans les zones rurales, l’enjeu se situe notamment au niveau du raccordement aux réseaux très haut débit.
Zoom : « Des inégalités concernant l’accès à Internet persistent »
Même si le gouvernement français a annoncé une enveloppe renforcée au profit du plan « Très Haut Débit », la situation est plus qu’inégale sur le territoire français. Cela se répercute également sur les emplois numériques et les besoins en compétences dans les régions françaises, comme l’observe l’enquête réalisée par la GEN sur les « besoins en compétences numériques des régions » publiée en 2020.
Le raccordement des zones rurales à la fibre optique : des déserts subsistent
Le site ariase.com, site dédié aux opérateurs et offres télécoms, recense, via une carte interactive, toutes les villes françaises reliées aujourd’hui à la fibre optique. L’on y recense notamment les « déserts » en Nouvelle-Aquitaine, mais aussi en Corse et en Occitanie. A l’inverse, les Régions du Nord, d’Ile-de-France ou encore les métropoles telles que Lyon et Marseille sont particulièrement bien reliées à ce réseau.
Les chiffres qui impactent pour les zones reculées
Plusieurs chiffres sont à mettre en perspective au niveau du déploiement de la fibre en France :
- Au 1er octobre 2020, selon l'observatoire de l'ARCEP, 22,2 millions de logements étaient éligibles à la fibre optique.
- Pour les technologies du très haut débit, les écarts sont particulièrement marqués, puisque si les plus privilégiés bénéficient en moyenne d’un débit de 284 Mbit/s, les zones rurales se contentent de débits approchant les 50 Mbit/s.
- En France métropolitaine, au 30 septembre 2020, on dénombrait 12 700 communes disposant d'au moins une ligne optique.
- En haut débit (ADSL), les communes les plus rurales subissent en moyenne des débits 43% plus faibles que les villes de plus de 30 000 habitants.
Des chiffres qui complètent les résultats des observatoires sur les besoins en compétences numériques dans les Régions
En Nouvelle-Aquitaine et dans la Région Sud, la part importante d’offres d’emploi pour des installateurs de fibre optique et des techniciens télécom pourrait également être liée à ces nombreux territoires « reculés » de ces régions en partie montagneuse, qui sont encore en cours de raccordement au haut débit et au très haut débit. Ce raccordement est d’ailleurs l’un des principaux objectifs de la Région Nouvelle-Aquitaine, ce qui appuie la demande de ces compétences au niveau régional.
En Occitanie, il y a également une forte proportion des techniciens télécoms et fibre optique. Le très haut débit est en effet au cœur de la stratégie régionale. De même, en Corse, le nombre important d’installateurs de réseaux de télécommunications confirme que la Région est engagée dans une stratégie d’élargissement de l’accès à internet ; préalable obligatoire au développement de l’économie numérique, selon l’Observatoire.
Les Hauts-de-France représentent également un bel exemple de cohésion de ses territoires puisqu’elle propose une véritable stratégie pour développer la fibre et les réseaux 4G.
Une solution : le développement du réseau cuivre traditionnel en attendant la fibre optique
Il est incontestable que les performances en fibre optique sont supérieures à celles offertes par un « réseau cuivre » de bonne qualité, et préparent au mieux l’évolution des usages. Ainsi, l’UFC Que Choisir émet l’hypothèse qu’une forte montée en débit sur le réseau cuivre historique peut constituer un substitut éventuel à la fibre optique lorsque cette technologie n’est pas encore disponible.
En effet, pour une partie de ces populations, l’arrivée de la fibre optique pourrait améliorer nettement la situation. Pourtant, si cette attente de la fibre est en théorie censée s’achever en 2022, l’étude montre que cet horizon paraît illusoire, et que le déploiement devrait s’étirer jusqu’en 2029. Ainsi, l’urgence de la montée en débit sur le réseau cuivre dans les zones qui ne recevront pas la fibre à moyen terme est d’autant plus évidente.
Sources :
Ariase
UFC-Que Choisir
DataFrance
Grande Ecole du Numérique
Comment déployer sa formation en ZRR ?
Démystifier l’univers du numérique
D’après Ruralitic, l’Université d'été du Numérique et des Territoires, « 40% des jeunes ruraux renoncent aux études supérieures. Trop loin, trop chères, trop urbaines…». L'étude « Jeunes des villes, jeunes des champs : la lutte des classes n’est pas finie » menée en 2019 par l’association Chemins d’avenirs, la Fondation Jean-Jaurès et l’Ifop montre que les origines géographiques et sociales continuent en effet d’influencer les choix d’orientation et le rapport à l’avenir des jeunes de 17 à 23 ans. Par exemple, si 41% de l’ensemble des jeunes de 17 à 23 ans ont le sentiment de ne pas avoir suffisamment d’informations pour s’orienter, ils sont 42% à connaître ce sentiment dans les zones rurales, contre seulement 32% pour les jeunes d’agglomération parisienne.
L’étude note également de fortes disparités au niveau du degré d’ambition et d’autocensure. 67% des jeunes de l’agglomération parisienne indiquent qu’ils ont fait ou vont faire des études supérieures « ambitieuses », contre seulement 48% des jeunes des petites villes (moins de 20 000 habitants), soit un écart de près de 20 points !
Le manque de rôle-modèle aurait également un rôle important à jouer dans cette autocensure, « dans la mesure où, comme on l’a vu, d’une part, la famille et l’entourage constituent la principale d’information pour s’orienter et où, d’autre part, l’aspiration mimétique est un puissant ressort chez des jeunes qui cherchent leur voie ».
Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, a commandité une mission sur les thèmes de l’orientation et de l’égalité des chances dans la France des zones rurales et des petites villes. Le rapport remis en mars 2020 par Salomé Berlioux, présidente de l’association Chemins d’avenirs, rend compte des conclusions et des mesures préconisées par la mission. Il démontre que les jeunes des zones rurales et des petites villes ne sont pas dans la même situation de départ face à leur avenir que les jeunes des grandes métropoles. Parmi les obstacles responsables de cette fracture, on retrouve le manque d’accès à l’information, la fracture digitale, les obstacles dus à l’autocensure et les aspirations, les fragilités économiques de certains territoires, et le manque d’accès à certaines opportunités.
Dans le rapport, plusieurs préconisations sont mises en avant, avec notamment un enjeu d'orientation, d'information et d'ambition. Il propose ainsi la mise en place de programmes de mentorat adaptés aux territoires éloignés des grande métropoles ou encore l'utilisation du numérique pour soutenir l'orientation et les aspirations des jeunes ruraux.
Il y a donc un gros enjeu autour du travail de démystification de l’univers du numérique et de la mise en avant de rôles-modèles.
« En campagne, une idée reçue persiste : le monde des nouvelles technologies est plutôt réservé aux centres urbains et à des profils de haut niveau déjà formés » explique Florent Tétart, co-fondateur de l’Enssop.
L’école Enssop travaille pour combattre les idées reçues et démystifier l’univers du numérique en y sensibilisant les apprenants. La formation a notamment réalisé des ateliers de découverte et participé au salon numérique Montval Connect avec des ateliers d’initiation au code, afin de faire prendre conscience aux candidats que les métiers du numérique pouvaient leur correspondre, comme le raconte Aurore Morin directrice de l’école :
« On veut encourager les femmes et les personnes qui n'ont pas le bac à se lancer dans la formation. Il y a encore des freins, alors qu'une fois en formation ce sont des profils qui au contraire s'accrochent et réussissent. Il faut que ces publics osent. »
L’enjeu est de convaincre les futurs apprenants, mais aussi les pouvoirs publics et les élus :
« Nous avions le souhait de faire prendre conscience que les infrastructures (haut débit, fibre) étaient présentes et peu utilisées, que nous pouvions aussi nous accaparer les technologies du numérique pour les adapter à une situation rurale. Nous avons donc décidé d’axer la formation sur les technologies libres pour faciliter leur appropriation et nous avons convaincu les élus que le territoire devait s’engager dans une politique de pédagogie et de promotion du numérique. »
Des partenaires essentiels pour soutenir le développement des formations en territoires ruraux
L’élaboration d’une formation et son déploiement doivent s’effectuer en synergie avec les acteurs locaux.
« Il s’agit d’une particularité de la ruralité, il faut être ancré dans le territoire. Cela veut dire être régulièrement en contact avec les élus et auprès des entreprises, organiser des projets auprès du grand public » note Aurore Morin directrice de l’ENSSOP.
Dans le cas de l’école, « la communauté de commune s’est engagée dans le développement du numérique sur le territoire par la création d’un collectif d’acteurs locaux du secteur : LoirTech. La première action de LoirTech a été de nous accompagner avec la Mission Économique Locale pour trouver les bons relais et mettre à disposition des locaux communautaires pour les deux premières années de l’école » ajoute Florent Tétart. Le projet LoirTech favorise ainsi l'implantation et la collaboration des entreprises, des salariés et des indépendants pour créer un pôle numérique important en tenant compte de la spécificité rurale du sud Sarthe.
L’école s’est aussi appuyée sur Pôle emploi, qui lui a apporté un accompagnement sur trois aspects :
- financement de la formation via l’ouverture de l’AIF à tous les élèves ainsi que la prise en charge de leur frais de déplacement et de bouche,
- recrutement des apprenants : accompagnement par l’agence locale dans la démarche de sélection en sensibilisant leurs demandeurs d’emploi ainsi qu’en participant à la démarche de sélection)
- et administratif par la saisie des dossiers et le contact avec les candidats.
« Cette implantation sur le territoire reste très importante aujourd'hui encore. Cela se passe auprès des prescripteurs comme Pôle emploi et les Missions Locales avec qui on travaille main dans la main, mais aussi auprès des élus qui, en zone rurale, ont un rôle de proximité » précise Aurore Morin.
Pour aller encore plus loin dans cette notion de proximité, l'Enssop a décidé de s’installer dans un nouvel espace de coworking dans les mois à venir afin de permettre aux apprenants d'être en immersion avec des professionnels du territoire, au cœur de l’écosystème.
Pour le Réseau Rural Français « le développement numérique concerne tous les niveaux de décision et d’action, privés et publics, du local au niveau européen ». Chaque acteur agit à son niveau sur des aspects qui lui sont propres :
- L’Europe, via le Fond social européen (FSE), le Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) et les Groupes d’action locale afin de faciliter la réalisation de projets liés au numérique dans le cadre des stratégies de développement local ;
- L’Etat, avec la mise en place du très haut débit sur le territoire et le soutien aux formations avec l’appel à labellisation de la GEN ;
- Les Régions, en soutenant et finançant la formation continue, mais aussi en reliant et en mettant en synergie les porteurs de projets locaux des associations, des entreprises et des collectivités ;
- Les Conseils départementaux, par la mise en place des infrastructures et le soutien de la création des lieux de médiation et des formations ;
- Les chambres de métiers et de l’artisanat et les CCI, en assurant la promotion du numérique auprès des artisans et des commerçants, et ce plus particulièrement depuis la crise du Covid-19, en sensibilisant, formant et accompagnant les TPE/PME dans cette perspective ;
- Les collectivités locales et intercommunales, par l’élaboration des projets de territoires et de des stratégies numériques qui répondent aux besoins des habitants ;
- Pôle emploi, les Missions Locales et les associations, qui contribuent à l’information du grand public sur les métiers du numérique, les formations disponibles, mais aussi au recrutement des apprenants.