Le numérique a réinventé les usages dans bien des domaines, et le secteur de la formation ne fait pas exception. Avec la crise du Covid-19 et la généralisation des enseignements à distance pour assurer la continuité pédagogique au printemps 2020, le monde de l’EdTech a été mis en lumière et les acteurs du secteur se sont multipliés. L’EdTech était déjà en croissance avant la crise sanitaire : selon une étude de Deloitte Digital et la Caisse des Dépôts, le nombre de structures créées dans l’EdTech a augmenté de 47% depuis trois ans en France. Néanmoins le confinement a contribué à une accélération de son développement. D’après BFM Bourses, le potentiel du marché était de 325 milliards de dollars américain à horizon 2025 avant le Covid-19, alors qu’on parle aujourd’hui de 400 à 500 milliards à cette même échéance.

Mais que se cache-t-il derrière le terme EdTech ? Quels sont les acteurs phares du secteur ? Comment peuvent-ils accompagner votre formation ? Eugène a mené l’enquête !

Qu’est-ce que l’EdTech ?

Le terme EdTech vient de la contraction des mots « Education » et « Technologie ». Il désigne les entreprises qui proposent des outils technologiques innovants (services, produits, etc.) destinés au monde de l’éducation.

En France, l’écosystème est fédéré par l’association EdTech France, qui regroupe aujourd’hui plus de 350 membres, des partenaires institutionnels et associatifs, de grandes entreprises et des institutions d’enseignement supérieur, tous intéressés par la transformation des apprentissages à l’ère du numérique. Un écosystème très diversifié donc, qui rassemble à la fois des jeunes startups et des entreprises ayant atteint une certaine maturité. On y retrouve des structures qui ont pour objectif « d’améliorer l’expérience de l’apprentissage » comme l’explique Anne-Charlotte Monneret, directrice générale d’EdTech France.

Les EdTech s’adressent à la fois à l’enseignement scolaire, l’enseignement supérieur, mais aussi la formation professionnelle. D’après une étude portée par EdTech France et le cabinet d’étude EY Partheon, le poids de la filière EdTech par segment est le suivant : 19% pour le supérieur, 20% pour le scolaire et 61% pour la formation continue.

Cette même étude permet de prendre conscience de la valeur que représente l’EdTech en France avec 650 millions d’euros de chiffres d’affaires et 7000 emplois en 2020. La plupart des entreprises du secteur ont été créées en 2018 et 2019 avant de connaître un pic en 2020 (*Source : Le siècle digital) avec la crise sanitaire, qui a généralisé les apprentissages à distance. Le secteur fut notamment mis en lumière lors du premier confinement lorsque EdTech France a invité tous ses membres à proposer leurs outils et contenus gratuitement afin de garantir la continuité pédagogique. Une initiative relayée à l’époque par la Grande Ecole du Numérique sur son site internet et qui avait rassemblé près de 200 offres solidaires.

Depuis, le réseau d’EdTech France s’est encore étoffé. L’association a publié en septembre 2021 le catalogue 2021-2022 de ses membres qui vient s’ajouter à la cartographie interactive déjà en ligne. L’objectif est « d’améliorer la lisibilité de l’offre afin de créer un climat de confiance et continuer à décomplexer le recours aux solutions innovantes en France », comme l’explique l’association.

Télécharger le catalogue EdTech France 2021-2022

S’appuyer sur les EdTech pour faciliter le sourcing d’apprenants

Parmi la vaste cartographie des EdTech, on retrouve notamment les plateformes d’orientation, à l’instar du chat bot Hello Charly, du Walt Chatbot ou encore de la plateforme PrePeers, partenaire de la Grande Ecole du Numérique.

Un chat bot est un outil permettant de simuler une conversation humaine et d’obtenir des réponses personnalisées grâce à l’intelligence artificielle et aux sciences cognitives. Ces échanges avec les futurs apprenants permettent de leur proposer des recommandations sur leurs choix d’orientation et donc de formation.

Hello Charly propose de co-créer des parcours digitaux d’orientation interactifs et ludiques et se définit comme un coach d’orientation 100% personnalisé. L’association Walt, qui a pour ambition de promouvoir l’alternance et les métiers, a quant à elle développé le Walt Chatbot dédié à l’alternance qui permet aux jeunes de trouver toutes les informations sur un domaine d’activité et propose des tests sur les soft skills.

Ces solutions permettent de se faire connaître, notamment auprès des jeunes en utilisant de nouveaux canaux de communication. Un véritable appui pour le sourcing de vos apprenants à condition d’être bien référencé. C’est notamment ce que propose PrePeers, une plateforme qui accompagne les jeunes de 15 à 29 ans du collège à l’emploi grâce à des cours particuliers, une aide à l’orientation et un job board. Une plateforme dédiée aux écoles vous permet de vous présenter gratuitement auprès de ce public cible et de promouvoir votre formation. Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez vous connecter sur le lien de la plateforme dédiée aux écoles.

Digitaliser votre formation grâce à l’EdTech

Comme le note la Fondation Intelligence artificielle pour l’École-Institut de France, dans sa tribune L’Ed-Tech : le nouvel enjeu de l’éducation : « L’Ed Tech englobe aujourd’hui un large panel d’outils dont peu de professeurs pourraient aujourd’hui se passer ». Cela regroupe aussi bien les outils d’aspects pratiques tels que les solutions qui favorisent la communication entre les formateurs et les apprenants afin de transmettre des documents et ressources pédagogiques ou encore les outils de gestion de la vie étudiante pour signer électroniquement des feuilles d’émargement par exemple. Vous pouvez retrouver ce type de solutions chez de nombreux prestataires tels que Moodle, LMS Factory, SoWeSig, Idruide, Diplonova.

En-dehors des avantages organisationnels pour votre structure, les outils de l’EdTech permettent aussi d’attirer de nouveaux candidats. Une étude menée par EdTech France et Campus Matin relève que la digitalisation des établissements fait partie des critères de choix pour les étudiants. En effet, pour 71% des personnes interrogées, la digitalisation constitue un argument fort lors du choix de l’établissement. Ainsi, les répondants situent cet argument entre 7 et 10 sur une échelle de 1 à 10.

Digitaliser l’établissement, c’est le choix fait par l’école O’Clock qui propose une formation labellisée GEN 100% en ligne. Convaincue que la formation à distance peut être aussi stimulante que la formation en présentiel, l'école O'Clock a lancé dès ses débuts un format 100% téléprésentiel grâce à des classes virtuelles ; une solution intitulée Slippers désormais accessible aux autres organismes de formation. Nous avons interviewé en début de mois Alexia Simonot, responsable des relations institutionnelles au sein de l’école, qui nous présente le dispositif.

L’EdTech au service de la pédagogie

Aujourd’hui, avec l’omniprésence du numérique qui a facilité l’accès au savoir en ligne, les attentes des apprenants ne sont plus les mêmes. « Les entreprises de l’EdTech peuvent apporter une véritable valeur ajoutée en proposant des solutions permettant d'apprendre d'une autre manière grâce à la technologie » explique Anne-Charlotte Monneret. Cela passe par exemple par les techniques de gamification, qui reprennent les codes des jeux vidéo pour attirer des publics sensibles à cet univers.

Votre formation peut donc s’appuyer sur ces dispositifs ou modules d'apprentissage proposés par les EdTech tels que les MOOC, les applications permettant de perfectionner l'apprentissage d'une langue, l’aide à la compréhension des cours, des podcasts, des quiz en ligne, etc. L’objectif est d’optimiser les apprentissages des apprenants tout en proposant des parcours individualisés permettant à chacun de se concentrer sur ses leviers de progression.

On peut citer entre-autres Duolingo, maars, Good Journey, Learn Assembly, mais aussi Fifty, une startup qui propose des solutions de eDoing. Nous avions rencontré sa fondatrice et CEO, Alexia Cordier, au printemps pour en savoir plus sur les problématiques de passage à l’action à l’issue d’une formation et les solutions apportées par le nudge ; un appui précieux pour aider les apprenants à passer du « savoir » au « faire ».

Pour la Fondation Intelligence artificielle pour l’École-Institut de France, « les nouvelles technologies à vocation éducative ont une réelle plus-value pédagogique à apporter », comme elle le révèle dans son Livre Blanc : Confinement et continuité pédagogique : ce que la crise sanitaire révèle du potentiel du numérique éducatif. Les entretiens menés par la Fondation auprès de représentants du monde de l'éducation, de l'économie numérique et des chercheurs mettent en avant le potentiel du numérique pour personnaliser les parcours apprenants et revoir les méthodes pédagogiques : « Le numérique et en particulier l’intelligence artificielle permettent une forme «d’éducation augmentée» répondant davantage aux impératifs de lutte contre les inégalités, et une optimisation de la «performance pédagogique» pour tous les publics. Cela passe notamment par une plus grande personnalisation des enseignements et l’adoption de solutions innovantes basées sur l’IA. »

Quid de la fracture numérique ?

Si l’EdTech représente un véritable outil au service de la pédagogie et des apprentissages, il convient d’être prudent quant au risque de fracture numérique, car certains publics n’ont pas accès à un ordinateur et/ou à Internet (wifi, 4G).

Dans son livre blanc, la Fondation de l’IA pour l’École souligne les inégalités persistantes en termes d’équipements informatiques au sein des familles. La Fondation cite notamment le sondage IFOP réalisé en mai 2020 à l’issue du premier confinement Le regard des parents sur l’école à distance, qui révèle que 10% des foyers interrogés ne disposent pas d’un accès à un ordinateur. Elle recommande donc de « mettre en œuvre des politiques publiques destinées à résorber la fracture numérique » avec par exemple la mise à disposition de matériel numérique.

Le risque est aussi d’exclure certains publics car les jeunes n’ont pas tous le même bagage culturel face aux usages des outils numériques. C'est pourquoi certains outils de l'EdTech sont pensés spécifiquement pour mettre la technologie au service de la réduction des inégalités, comme l’explique Anne-Charlotte Monneret : « Les outils numériques doivent être pensés et utilisés comme un moyen de transmettre et d’apprendre, et non comme une fin en soi, en prenant en compte les spécificités des apprenants. »