
Comment sensibiliser les apprenant.e.s à la Green Tech
« Au rythme actuel, les émissions de gaz à effet de serre associées au numérique mondial vont tripler entre 2010 et 2025 passant de 2 % à 6 % » estiment les experts de GreenIT.fr dans leur rapport « Empreinte environnementale du numérique mondial » publié en octobre 2019. Si la transition numérique à travers l’IT for Green peut permettre de réduire les impacts environnementaux de certains secteurs1 les impacts liés à la fabrication et aux usages du numérique sont trop souvent minimisés.
A l’heure où les problématiques environnementales deviennent un véritable enjeu de société, il convient d’accélérer la prise de conscience des impacts environnementaux du numérique et celle-ci doit se faire au plus tôt, dès la formation initiale.
Plus de 80 dirigeants d’établissements et 1000 enseignants chercheurs viennent d’ailleurs de lancer en septembre 2019 un appel à l’Etat français pour former tous les étudiants aux enjeux climatiques2. Les signataires estiment que « aucun étudiant, quel que soit son âge, ne doit pouvoir valider une formation dans l'enseignement supérieur sans avoir compris les causes, les conséquences du changement climatique et travaillé, à son niveau, à l'identification de solutions possibles. » Cette initiative rejoint la 26ème action du livre blanc « Numérique et environnement » (remis en mains propres à Brune Poirson et Mounir Mahjoubi, en mars 2018 par l’Iddri, la Fing, GreenIT.fr et le WWF France) qui vise à fournir des kits pédagogiques « numérique responsable » aux enseignants et à mettre à disposition de la nation une plateforme d’informations fiables et validées pour lutter contre le greenwashing.
Convaincue de la nécessité d’agir, la Grande Ecole du Numérique vous propose des pistes de réflexion sur le sujet pour sensibiliser vos formateurs et apprenant.e.s !
S’appuyer sur un écosystème engagé
- Vos apprenant.e.s ont pour projet de monter leur start-up ou vont intégrer une DSI ?
Au carrefour du numérique et de la transition écologique, la GreenTech Verte a pour vocation de « développer de nouveaux usages et services pour les citoyens grâce à l’exploitation de données ouvertes et aux outils numériques ». Initiée par le Ministère de la Transition écologique et solidaire, cette démarche implique des appels à manifestation d’intérêt pour soutenir les start-up vertes, un réseau d’incubateur et fédère une communauté.
A l’occasion d’une journée de Meet’Up en juin dernier plusieurs organismes et entreprises ont signé la Charte Numérique Responsable proposée par l’INR (Institut du Numérique Responsable). Les signataires s’engagent à optimiser les outils numériques pour limiter leurs impacts environnementaux. Cela passe notamment par l’allongement de durée de vie des équipements et une conception responsable des services numériques.
Vous souhaitez entrer dans une démarche de Numérique Responsable ? Découvrez les engagements et bonnes pratiques de la Charte
- Vos apprenant.e.s vont être impliqué.e.s dans la conception de services numériques ?
Le Collectif conception numérique responsable regroupe plus de 100 organisations et plus de 500 personnes autour de la démarche de conception responsable de services numériques pour réduire, via une posture de sobriété lors de la conception et de la réalisation, l'empreinte des services numériques.
Inculquer un état d’esprit « green tech » et transmettre les bases de l’éco-conception
Le numérique représente 3,8 % des émissions anthtropiques de gaz à effet de serre, soit deux fois plus que l'aviation civile.3 Nous avons interrogé Frédéric Bordage, expert sur le sujet, fondateur de la communauté GreenIT.fr, du Club Green IT et principal auteur de l’étude sur l’empreinte du numérique mondial à paraître prochainement, qui nous explique que c’est « majoritairement la fabrication des équipements des utilisateurs (des ordinateurs, des télévisions, des smartphones etc.) qui a un impact environnemental au niveau mondial. » Ce constat est essentiel pour bien comprendre le sujet.
La fabrication des équipements demeure donc le principal enjeu : fabriquer un ordinateur nécessite 800 kg de matières premières, soit 124 kg de CO2 générés, sur les 169 kg émis sur l’ensemble de son cycle de vie4.
Il est essentiel d’agir car d’ici 2025 l’empreinte environnementale du numérique sera multipliée par 3 à l’échelle de la planète (par rapport à 2010)3. Pour réduire cet impact, deux solutions : allonger la durée de vie des équipements via la réparation et le réemploi et l’écoconception.
« Des services numériques écoconçus nécessitent moins de ressources informatiques (bande passante, mémoire vive, etc.) pour fonctionner »
Nous avons également souhaité en savoir plus sur le rôle que peuvent jouer les formations dans la mise en œuvre de cette démarche. Il est important de garder en tête que la conception responsable des services numériques et notamment l’écoconception peuvent impacter des profils d’apprenants différents.
« Il faut viser en particulier les product owners, les accompagnants MOA et les UX designers car ce sont eux qui vont traduire le besoin métier en cahier des charges fonctionnel, puis en interface utilisateurs. C’est d’abord à ce niveau-là que se jouent les enjeux de la réduction de l’empreinte des services numériques. Les démarches doivent converger vers une posture de sobriété. »
Au niveau du développeur, ce qui est important c’est qu’il puisse « connaître le sujet au-delà de son domaine de responsabilité ». L’objectif du développeur est donc de « faire comprendre et faire prendre conscience aux clients, aux parties prenantes internes et externes, que ce sont eux qui déterminent l’empreinte d’un site web lorsqu’ils expriment un cahier des charges fonctionnel plus ou moins étoffé ».
Frédéric Bordage nous explique que deux démarches complémentaires sont possibles pour les profils techniques : adopter une posture de sobriété lors de la conception et la réalisation grâce à une compréhension globale du sujet et mettre en œuvre mécaniquement les 115 bonnes pratiques identifiées pour le web.
Dans son ouvrage intitulé Ecoconception web, les 115 bonnes pratiques, le Collectif conception numérique responsable dresse un référentiel de bonnes pratiques à appliquer à chaque étape du cycle de vie du site web. Il explique que « l’éco-conception consiste à niveau de qualité et de service constant, à réduire l’empreinte matérielle c’est-à-dire la quantité de moyens informatiques et télécoms nécessaires » au fonctionnement du produit ou service.

Sources
1 GreenIT.fr : Du Green IT au numérique responsable : lexique des termes de référence : https://www.greenit.fr/2018/05/31/green-it-numerique-responsable-lexique-termes-de-reference/
2 Le Journal du Dimanche : EXCLUSIF. "Formons tous les étudiants aux enjeux climatiques" : l'appel de 80 dirigeants d'établissements : https://www.lejdd.fr/Societe/exclusif-formons-tous-les-etudiants-aux-enjeux-climatiques-lappel-de-80-dirigeants-detablissements-3919612
3Empreinte environnementale du numérique mondial, Frédéric Bordage & al., GreenIT.fr, octobre 2019.
4 UP Le Mag : La pollution numérique en quelques chiffres : https://www.up-inspirer.fr/50188-la-pollution-numerique-en-quelques-chiffres

A retenir : 3 principes clés
Comment sensibiliser mes apprenant.e.s au sujet de la Green Tech ?
- En leur apprenant à éco-concevoir les services numériques
- En leur faisant adopter une démarche de sobriété numérique
- En ouvrant la démarche, au-delà des impacts environnementaux, à la dimension sociale : accessibilité numérique, respect de la vie privée, lutte contre la fracture numérique, etc.